Débat organisé dans le cadre de la Fête du Livre

L’association de philosophie « Aussitôt Dit » organise un débat dans le cadre de la Fête du livre 2014 :

Horaire : de 14 heures à 16 heures

Lieu : Ecole d’architecture de Saint-Etienne, rue Buisson (proche place Jacquard)

(entrée libre et gratuite)

« JEAN JAURÈS PHILOSOPHE : UNE RESSOURCE POUR LE XXI e SIÈCLE ? »

Le nom de Jean Jaurès évoque, évidemment, d’abord la figure de l’orateur et du militant socialiste, de l’homme politique de premier plan qu’il a été. Y accoler le qualificatif de philosophe, ce n’est pas seulement rappeler un élément biographique un peu anecdotique (comme, par exemple, pour Clémenceau le fait qu’il avait été médecin), c’est tenter de remettre en lumière ce que la gloire du politique tend à dissimuler, qu’il n’a pas seulement enseigné la philosophie pendant quelques années, mais qu’il a été l’auteur d’une œuvre philosophique personnelle. Il a voulu donner au socialisme un fondement métaphysique, qui aurait même, selon ses propres termes, un caractère « religieux ». Une dimension religieuse ou spiritualiste dont il s’agira de cerner la signification en dégageant les grandes lignes de force, les articulations problématiques de la métaphysique jaurésienne. En montrant aussi de quelles traditions philosophiques elle s’est nourrie, et comment elle s’est inscrite dans ce moment particulier de l’histoire de la philosophie française, en se confrontant en particulier aux premières œuvres de son condisciple, Henri Bergson.

Mais la mystique de Jaurès était une mystique de l’action, et sa métaphysique était fondée sur le refus de tout dualisme : il faudrait donc, d’autre part, réunir les deux faces du personnage, s’interroger sur la façon dont son action politique a pu s’inscrire dans la continuité de sa pensée philosophique, dont celle-ci a inspiré celle-là, l’a nourrie. De ce point de vue, on pourra se demander comment la métaphysique jaurésienne s’est prolongée en philosophie politique et en philosophie de l’histoire, et quelle traduction pratique a pu avoir la synthèse entre idéalisme et matérialisme à laquelle il s’est efforcé. Comment il a proposé d’articuler les principes fondamentaux et les buts ultimes du socialisme avec des solutions aux questions de politique quotidienne, de tactique (l’affaire Dreyfus, la participation au gouvernement, en particulier). Comment aussi se sont conjugués dans son discours la réflexion du philosophe et l’éloquence du tribun.

Enfin, il ne s’agirait pas de s’en tenir à une redécouverte historique de ce qu’ont été, dans les dernières décennies d’un XIX e siècle prolongé jusqu’en 1914, la pensée et l’action de Jaurès. À l’icône vaguement consensuelle que risque de dessiner la commémoration, il convient d’opposer aujourd’hui la multiplicité et l’extrême vivacité des controverses dont Jaurès a été l’acteur ou le foyer – avec Jules Guesde par exemple sur la « méthode » socialiste ou avec Charles Péguy à propos de la « mystique » dreyfusarde, pour ne citer que deux des plus saillantes. Pas seulement par souci de vérité historique, mais aussi et peut-être surtout pour s’interroger sur ce que la philosophie en acte de Jaurès pourrait nous apporter – encore, ou de nouveau au XXIe siècle – après les expériences, ô combien diverses, du socialisme au cours d’un XXe siècle qui a commencé précisément par son assassinat. Là devrait porter le vif du débat.

Avec :

Bruno ANTONINI, philosophe, professeur au Lycée Racine (Paris)

Jean-François CHANET, historien, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris

Juliette GRANGE, philosophe, professeur à l’Université François-Rabelais (Tours)

Christophe PROCHASSON, historien, recteur de l’Académie de Caen, directeur d’études à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales (Paris).

 

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archives saison 2013-2014

Samedi 19 octobre 2013 – à partir de 14h 30

Amphithéâtre de l’Ecole d’architecture

« FACE AUX CRIMES DE MASSE, PEUT-ON RECONSTRUIRE DE L’HUMAIN ? »

Certains faits de la Seconde Guerre mondiale ont conduit à définir de nouveaux types de crimes (crimes contre l’humanité, génocide) et à créer, pour y répondre, des institutions inédites comme les tribunaux internationaux. Ces instances ont tendu à se multiplier et à élargir leurs compétences à la suite d’événements plus récents (Cambodge, Yougoslavie, Rwanda  entre autres), tandis qu’émergeaient d’autres institutions, para-judiciaires  celles-là, comme les commissions Vérité et Réconciliation.

Ces évolutions suscitent des interrogations sur la fonction de la justice, sa signification, ses rapports avec la politique et avec l’histoire. Elles soulèvent aussi des questions d’ordre plus philosophique et moral : peut-on penser le mal et comment ? Peut-on lui opposer des réponses et lesquelles ?

Pour en débattre, nous avons invité

Rony BRAUMAN, ancien président de Médecins sans frontières, professeur à Sciences Po

Isabelle DELPLA,  philosophe,  professeure à l’Université de Lyon III-Jean Moulin, auteure de Le Mal en procès : Eichmann et les théodicées modernes

Sandrine LEFRANC, chargée de recherche au CNRS, auteure de Politique du pardon

Marcel LEMONDE, magistrat, auteur de Un juge face aux Khmers rouges

Le débat sera animé par Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture)