Théories contemporaines du sujet et de l’identité : Peer Gynt d’Ibsen.

Ateliers ponctuels d’Aussitôt dit (avril 2007)

« Une performance de la théorie de l’identité narrative : Peer Gynt d’Ibsen. » L.Chapuis

Séance du jeudi 19 avril 2007, 18h30 à la maison des associations, salle 17 :

On se propose d’introduire notre sujet par une synthèse, copieuse mais nécessaire, tant en suivant le fil des travaux eux-mêmes que pour préparer la lecture de Peer Gynt, des travaux majeurs de Paul Ricoeur, Stéphane Chauvier et de V.Descombes sur la notion de « sujet ». Nous présenterons une brève histoire de l’anti-cogito à partir de textes de Hume et de Nietzsche, puis nous verrons quels sont les arguments conduisant à abandonner une conception éidétique de la subjectivité. Le sujet n’est ni transcendantal, ni anté-prédicatif. Plus exactement, il est « aptitude à former des jugements égologiques », notamment des jugements réflexifs normatifs, et acte de détermination pratique de soi par injonction du soi, autrement dit, aptitude acquise à adopter, à l’égard de son action, le point de vue normatif.

Séance du jeudi 26 avril 2007, 18h30 à la maison des associations, salle 17 :

A partir d’extraits de la pièce d’Ibsen, nous montrerons que Peer Gynt proçède dès 1867 à la mise en place d’un récit qui coïncide presque point par point avec la définition de l’identité narrative présentée par Ricoeur en 1985, et esquivant les critiques contemporaines adressées aux théoriciens de l’identité. Peer Gynt serait l’acte narratif coïncidant avec la théorie de l’identité narrative : le sujet est « dehors », le sujet n’est nulle part ailleurs que dans le récit, et dans la disposition morale de ses relations avec les autres sujets.

Bibliographie :

  • A.Arendt, Condition de l’homme moderne, chapitre V, « L’action », 1ère partie, La révélation de l’agent dans la parole et l’action ». Paris, Calmann-Lévi, 1983. L’agent comme réponse à la question « qui ? ».
  • S.Chauvier, Dire « je », essai sur la subjectivité. Paris, Vrin, 2001. Le sujet comme « mode d’être selon des jugements égologiques » : être sujet, c’est parler à la première personne.
  • V.Descombes, Le complément de sujet. Paris, Gallimard, 2004. Synthèse aristotélico-wittgensteinienne, suite au tournant grammatical de la philosophie du sujet : il y a un « devenir sujet » purement pratique, un exercice à se diriger soi-même.
  • V.Descombes, La denrée mentale. Paris, Minuit, 1995, spécialement chapitre 2.3, 4.2 et 12.3. L’esprit est « dehors », à l’extérieur de l’individu.
  • H.Ibsen, Peer Gynt. Orléans, Éditions théâtrales, 1996.
  • F.Nietzsche, Par-delà bien et mal. Paris, Gallimard, 1971 §16 et §17.
  • F.Nietzsche, Fragments posthumes, t.XIII. Paris, Gallimard, 1977, p.248.
  • P.Ricoeur, Soi-même comme un autre, Préface, « La question de l’ipséité ». Paris, Seuil, 1990, p.11-30.
  • P.Ricoeur, Temps et récit I, « La triple mimésis ». Paris, Seuil, 1983. Le récit comme condition de l’existence temporelle.
  • P.Ricoeur, Temps et récit III, « L’identité narrative ». Paris, Seuil, 1983. « La vie est un tissu d’histoires racontées ».